Remise des insignes de chevalier des Arts et des Lettres à Mme Line Ouellet, directrice des expositions et des publications scientifiques au MNBAQ, 22 juin 2010

22 JUIN 2010 - QUEBEC

JPEGChère Line Ouellet,

J’ai l’honneur aujourd’hui de vous remettre au nom du gouvernement français les insignes de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, que j’attribue volontiers à une directrice des expositions talentueuse et passionnée, notamment dans son travail de collaboration avec les musées français.

Diplômée en histoire de l’Université Laval en 1984, vous débutez votre carrière au magazine Continuité, dont vous devenez rapidement, en moins d’une année, la directrice et rédactrice en chef.
Forte de cette expérience, vous rentrez au Musée de la Civilisation en 1988 où vous occupez durant cinq ans le poste de chargée de projet au service des expositions thématiques. Votre expertise en muséographie et votre savoir-faire en matière de conception, réalisation et gestion de projets d’exposition sont tels que vous prenez la direction du service des expositions thématiques en 1993. C’est ainsi que, parmi vos nombreuses réalisations, vous concevez une nouvelle grille de programmation pour le Musée de l’Amérique française, le plus ancien musée au Canada, que vous intégrez à la collection gérée par le Musée de la Civilisation.

Vous avez en outre à cœur d’innover en termes de muséologie afin qu’il y ait plus de communication avec les publics. Vous êtes d’ailleurs directrice du service de l’éducation au cours de l’année 1999 et mettez en place des programmes d’actions culturelles à destination des jeunes et des familles.

C’est donc tout naturellement que vous entrez au Musée national des Beaux-Arts de Québec en 1999 en tant que directrice des expositions, et également de l’éducation de 2000 à 2006. La programmation que vous concevez reflète non seulement des expositions de grande qualité mais aussi des activités éducatives et culturelles qui permettent d’attirer un nombre considérable de visiteurs.

Les expositions qui connaissent la plus grande affluence sont bien souvent des expositions montées en collaboration avec d’autres musées. Le partenariat entre musées devient pour vous d’une importance centrale. Les collaborations que vous menez avec la France sont à ce titre de plus en plus nombreuses, même en-dehors de l’art international proprement parlé. A titre d’exemple, je citerais Inuit. Quand la parole prend la forme, exposition d’art canadien historique organisée en 2006 en collaboration avec le Muséum d’Histoire naturelle de Lyon et le Musée de la Miniature de Montélimar, ou Le Ludique, exposition d’art contemporain présentée ici en 2001 et au Musée d’art moderne Lille métropole en 2003.

Au-delà de la relation privilégiée que la France et le Québec entretiennent, vous souhaitez réellement offrir aux Québécois un accès à l’art international. C’est ainsi que vous menez des collaborations fructueuses avec de nombreux musées régionaux français tels que le Musée des beaux-arts de Bordeaux pour Marquet au fil de l’eau (2003), le Musée d’Aquitaine pour Vénus et Caïn. Figures de la préhistoire 1830-1930 (2003) ou le Musée Picasso d’Antibes pour Picasso et la céramique (2004 et 2005) et La Joie de vivre. Picasso au Château d’Antibes (2007-08).

Vous faites alors du Musée national des beaux-arts de Québec un interlocuteur privilégié des plus grands musées parisiens. En effet, vous collaborez avec le musée national de la Marine pour l’exposition Les génies de la mer. Chefs d’œuvre de la sculpture navale (2002 et 2003-04), avec le Musée Bourdelle pour une exposition dédiée au sculpteur éponyme en 2002, le Musée d’Orsay pour organiser l’exposition Charles Cordier (1827-1905), sculpteur. L’autre et l’ailleurs en 2004, ou encore le Petit Palais et le Musée des beaux-arts de la Ville de Paris pour Paris 1900. Collections du Petit Palais (2007-08).

Vous contribuez en outre à la mise en valeur de différents volets du patrimoine artistique français et n’hésitez d’ailleurs pas à faire venir à Québec des collections d’art français en provenance d’autres pays. Tel est le cas de l’exposition De Caillebotte à Picasso qui présente en collaboration avec le Petit Palais de Genève des chefs d’œuvre de la collection Oscar Ghez en 2006, ou de l’exposition De Cranach à Monet en 2007 en collaboration avec la Fondation Juan Antonio Pérez Simón à Mexico.

Le succès des expositions que vous organisez illustre la façon remarquable dont vous savez mettre en valeur ce patrimoine. Les expositions Camille Claudel et Rodin et Le Louvre à Québec. Les arts et la vie enregistrent respectivement 186 425 et 464 576 visiteurs en 2005 et 2008. En se plaçant en deuxième et troisième positions en termes d’affluence après l’aventure de Rodin en 1998, elles manifestent l’intérêt que peut avoir le public québécois pour les collections des musées français.

Vos partenaires français ont également un intérêt réel à travailler avec le Québec qui jouit d’une grande expertise en matière de muséologie. J’ai d’ailleurs été moi-même séduite par la scénographie de l’exposition Emporte-moi que vous avez menée en collaboration avec le Musée d’art contemporain du Val de Marne (MAC/VAL) et que j’ai eu le plaisir de visiter dans votre institution, à l’automne dernier.

Ce n’est pas étonnant que deux des expositions que vous avez conçues tiennent actuellement le haut de l’affiche à Paris : Emporte-moi/Sweep me off my feet, donc, au MAC/VAL et Du Gréco à Dali. Les grands maîtres espagnols au Musée Jacquemart-André et à l’automne prochain chez vous. Votre travail, chère Line Ouellet, est un bel exemple de la richesse de la relation franco-québécoise, une relation directe et privilégiée ; et ces échanges que vous avez menés avec les muséologues français ont créé des expositions de partage et d’amitié.

Une femme de partage, donc, qui participe à la diffusion de ses connaissances en art français. Vous assurez également la direction des publications des catalogues inhérents aux expositions, que vous préfacez même ou dans lesquels vous rédigez des essais. Pour n’en citer que quelques-uns, l’ouvrage Camille Claudel et Rodin : la rencontre de deux destins accompagnant l’exposition éponyme et dans lequel vous écrivez l’introduction et un essai intitulé « L’exil de Camille, la gloire de Rodin » remporte le prix d’excellence de l’Association des musées canadiens dans la catégorie « publications » en 2005. Il fait d’ailleurs l’objet d’une publication aux éditions parisiennes Hazan. De même, Design d’exposition. Dix mises en espace d’expositions au Musée national des beaux-arts du Québec, ouvrage dans lequel vous écrivez l’essai « L’exposition : un acte de création »reçoit le prix Publication de la Société des musées canadiens en 2003.

La qualité de votre plume transparaît également dans vos articles, que l’on retrouve pour certains dans La Lettre de l’OCIM (Office de coopération et d’information muséographiques), diffusée en France et à l’étranger. Dotée de savoirs et savoir-faire incontestables en muséologie vous participez en outre chaque année à différents jurys ainsi qu’à de nombreux colloques et congrès.

Directrice des expositions et des publications scientifiques au Musée national des beaux-arts de Québec depuis 2006, vous n’avez de cesse de témoigner de l’amitié que vous portez à la France en en faisant un partenaire de premier plan. Je vous félicite pour le travail passionné que vous menez avec les musées français ainsi que pour votre grande connaissance des collections de ces derniers que vous savez particulièrement mettre en valeur dans des expositions de grande qualité muséographique.

Madame Line Ouellet, au nom du ministre de la Culture et de la Communication, je vous fais Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.


Mme Hélène le Gal, Consule générale de France à Québec

publié le 01/03/2012

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